Paysage mer - argentique 6x9 - Coïncidences…

Paysage Mer - Format 6x9 argentique

Coïncidences…

Il ne se résout jamais à photographier la mer en prenant ce qu’elle a à lui donner. Il y retourne alors et, inlassablement pose le trépied sur la plage, juste au-devant. Il se tient là, son corps et l’horizon à angle droit et, comme sur le pied de guerre, il mesure le champ vertical qui le sépare de l’horizon puis il s’en détourne.

Il n’en veut pas de cette mer là dont les vagues à ses pieds ne lui semblent être que la forme délétère, l’éclaboussant un peu, le caressant à peine pour s’en aller toujours là-bas et au-delà. Il ne veut pas non plus de cette mer qui s’ouvre de l’écume à ses pieds jusqu’à l’horizon traçant, dans sa rectitude, le terme de toute chose. Il ne veut pas encore de cette mer qui dit qu’elle est là où vous ne serez bientôt plus, tandis que chacune de ses vagues livre l’éloignement à la banalité et prive notre souffrance de mémoire.

Plus que la lumière, c’était le point lumineux qu’il guettait de longues heures durant sur l’étendue liquide, afin d’en empêcher la fuite et de la tenir serrée sur l’axe des abscisses. Là où, enfin, la mer et lui se tiendraient ensemble. Cette lumière appartient à son règne, à sa propre temporalité, il peut la mesurer avec sa cellule en étant bien certain qu’elle n’ira pas là-bas, qu’elle restera collée avec lui sur l’écume.

Enfin, je me souviens de son soulagement, lorsque disposant le double de l’image à son verso sur le lieu de leur exposition, il vit s’ouvrir un espace inframince. Ce n’était plus une image, plus vraiment de la photographie puisqu’il avait vaincu l’au-delà de l’image et terrassé ce qui n’est plus. Il avait tout ramené au-devant, à nos pieds et ce point de lumière était devenu le lieu où coïncident enfin le plan de l’image et celui de l’expérience.

S.C.